Diagonale Dunkerque-Menton (2010)

Retour sur l’un des grands moments vécus par les membres du VCF.

Nous vous proposons de revivre la diagonale de notre ancien Président Gilles Barbieux qu’il effectua avec Daniel Cauchies de l’Union Audax TOURNAI du 4 au 8 juin 2010. Voici donc le reportage de Gilles écrit à l’époque :

Après avoir réalisé ensemble l’an dernier BREST – STRASBOURG, je suis reparti sur les routes de France pour ma cinquième diagonale avec Daniel. Lui, part pour sa troisième. Quinze jours plus tard, il réussit HENDAYE – STRASBOURG avec Daniel HORTEKINS son copain de club.

Nouveauté cette année : le CC Orchies club voisin et ami, a pour fêter ses 30 années d’existence mis en place un fabuleux défi nommé 18D. Celui-ci consiste à réaliser en relais les 18 diagonales de France sans interruption, et ce du 13 mai au 21 juillet 2010 soit 70 jours 1672 heures et plus de 40 000 km à parcourir. 25 randonneurs participent à ce défi, jamais tenté.

Cerise sur le gâteau chaque équipage est muni d’une balise GPS qui permet de connaître à chaque instant via le site internet du CC Orchies la position exacte des randonneurs. Cette balise nommée « MARYSE » mettra beaucoup de pression aux participants mais permettra aux familles et amis de suivre en « live » l’avancée de leurs favoris. Engagés avec beaucoup de plaisir dans cette superbe aventure, nous n’avons pas eu à choisir ni le jour ni même l’heure de départ de notre diagonale mais seulement les lieux de départ et d’arrivée.

Qu’importe, nous partons en 7éme position et succédons à Yvon TINEL, qui arrive de HENDAYE en solitaire. Avant celle-ci il a réalisé également en solitaire MENTON – HENDAYE et encore auparavant avec l’ami Christian THERON : BREST – MENTON .

Costaud le Yvon !!!.

C’est donc le vendredi 04 juin que nous nous retrouvons Daniel et moi, vers 16h00 dans la salle des pas perdus de la gare de Lille Flandres. Une grande agitation règne dans la gare. Suite à la panne d’un train au début de la série des départs, la mise en place des autres trains est sérieusement retardée.

Nous arrivons donc à Dunkerque via Hazebrouck peu avant 19h00.

Nous filons vers le commissariat principal pour tenter de voir notre ami Yvon dont l’arrivée est imminente. Son délai étant fixé à 22h00, il est dans les temps.

Arrivés quai des Hollandais, nous apercevons Yvon près de sa voiture.

Trop tard : nous avons loupé son arrivée. Il est accompagné de Gisèle son épouse et de Christian THERON, tous deux venus l’attendre et le féliciter pour sa performance.

Pensez bien : trois diagonales de suite, dont deux en solitaire et sans jours de repos.

Bel exploit!

Tous les cinq, nous nous dirigeons alors vers une brasserie située au pied de l’imposant Hôtel de Ville de pur style flamand. Non loin de là, la statue de Jean BART célèbre corsaire local se dresse au centre de la place du même nom. Le dernier jour du carnaval de Dunkerque, les « carnavaleux » équipés de grands parapluies et de masquelours tournoient autour de cette statue pour le rigodon final en chantant l’hymne à Jean BART, avant de se diriger sous le beffroi pour assister au jeter de harengs.

Pour nous ce soir ce ne sera pas des harengs marinés, mais plutôt des tagliatelles carbonara. Pas très local tout cela, mais efficace lorsque l’on s’apprête à rouler toute la nuit pour une étape de 400km.

Yvon lui, dégustera un potjevleesch frites salade. Quel bonheur, lorsque l’on est privé de frites durant 13 jours. Hein Yvon… Christian penchera pour le même plat et Gisèle pour une salade composée.

21h30, il est temps de se rapprocher du commissariat central, et de s’habiller pour la nuit avant de procéder aux formalités d’usage.

Comme indiqué précédemment, le 18D se faisant en relais, notre départ est imposé à 22h00 de Dunkerque.

Daniel surveille nos montures Dernière rigolade avant le départ

Vendredi 04 juin 22h00 : Sous l’œil attentif de Christian et Yvon nous faisons valider par le policier nos carnets de route personnel et celui du 18D.

1ére étape : Dunkerque – Bar sur Aube 401km

Après avoir déclenché « Maryse » la balise et avoir reçu les encouragements de nos trois amis, c’est maintenant parti pour cette première longue étape de 400km qui doit nous faire arriver demain soir à Bar sur Aube.

Nous prenons alors la direction de Coudekerque-Branche en empruntant la D916 et sa triste piste cyclable.

1er arrêt à Bergues, non pas pour visiter le beffroi devenu célèbre grâce à Dany BOON, mais pour poster la carte de départ à nos chers délégués fédéraux Marc et Annette. Cette démarche sera faite près de la gare.

Après le passage au dessus de l’A25 nous virons cap sud-est vers Wormhout.

La ville est calme en ce début d’été. Plus loin, nous apercevons le Mont Cassel illuminé par les étoiles. Reuze papa et Reuze maman, sans doute les plus vieux géants de la région avec la famille Gayant de Douai surveillent cette paisible cité perchée à 176 mètres d’altitude dominant ainsi la plaine de flandre maritime.

A Steenvoorde, Jean le Bûcheron né en 1914 mesurant 4,90m et pesant 90km nous écoute passer. Cette ville comporte également un autre géant, celui-là est du style géant de la route. Il s’agit de Cédric VASSEUR Maillot jaune du Tour de France et fils de Alain : coureur cycliste professionnel des années 60 qui portait les couleurs du baron BIC et avait comme prestigieux équipier : Luis OCANA.

Des communes au nom bien flamand se succèdent : Eecke, Caëstre, Strazelle.

Il fait maintenant nuit depuis quelque temps, la température est bonne, le vent néant, la circulation est calme.

Nos éclairages nous indiquent timidement notre trajectoire.

Nous entrons dans le pays de l’alloeu, à cette heure avancée de la nuit, le baudet d’Estaires doit dormir profondément dans l’étable voisine.

La route est plate, elle nous mène vers les corons des mines qui entourent la ville de Lens. Cette ville vouée au foot-ball est traversée par son centre. Le GPS de Daniel n’en fait qu’une bouchée pour en sortir.

Cap sur Vitry en Artois, proche de chez moi et de mes terrains d’entraînement l’hiver.

La D939 qui relie Arras à Cambrai est rejointe par le sud de Dury. Cette route à grande circulation est heureusement fort peu fréquentée à cette heure-ci, et son revêtement est bon. Nous sommes bien dans le tempo fixé sur la feuille de route : ça roule…

Cambrai : pas de bêtises, Martin et Martine nous surveillent. Quelques agités s’amusent à faire crisser leurs pneus de voiture autour de la grand’place. On a beau essayé de les imiter, mais à la vitesse à laquelle on roule, on n’est pas prêts d’y arriver.

Que Jeunesse se passe…

Nous profitons du panneau de sortie d’agglomération pour faire notre premier arrêt ravito. Nos sandwiches sont alors vite avalés, afin de ne pas perdre trop de temps.

Nous suivons tranquillement la D76, en direction de Beaurevoir, lieu de notre premier pointage situé au km147. Nous entrons dans l’Aisne, ce gros village dort encore, seule l’odeur du pain nous attire vers la boulangerie qui est fermée, mais par habitude nous passons par le fournil pour rencontrer : « la France qui se lève tôt ». Le jeune boulanger, malgré l’énorme travail qui l’attend, ne rechigne pas à courir chercher dans son habitation, le très recherché tampon, qui finit par s’écraser sur nos carnets de route.

Et de un…

De plus, il nous offre les quatre chaussons aux pommes qui constituent notre petit déjeuner. Super sympa ce boulanger. Il prend même le temps de nous demander la destination de notre périple, et les motivations qui nous poussent à traverser la France en si peu de temps.

Jeanne d’Arc fut emprisonnée dans la tour du village en 1430. Décidément, cette Jeanne d’Arc nous suit partout. L’an dernier nous l’avons déjà rencontrée à Vaucouleurs sur Brest-Strasbourg. A croire qu’elle a commencé les diagonales de France avant GRILLOT et COIFFIER.

La route est désormais moins plate, une série de toboggans nous emmène vers Origny Ste Benoite, où nous prenons deux grands cafés pour nous éveiller. L’établissement est peu reluisant. Des camionneurs accoudés au comptoir racontent leur misère de la semaine.

Nous franchissons le canal de la Sambre à l’Oise. Pour sortir de ce trou, il faut grimper la côte qui mène à Landifay.

Au loin, nous apercevons sur la droite la ville de Laon accrochée à son plateau.

A Voyennes nous sommes au pays de la fraise, nous connaissons fort bien celles de Lecelles et de Lesdain. Pas encore celles de Voyennes. Mais pas le temps de s’arrêter pour la cueillette.

Le soleil est maintenant bien levé, et commence doucement à chauffer.

Les petites routes tranquilles de l’Aisne, nous amènent à Liesse Notre-Dame où nous prenons une boisson rafraîchissante à la terrasse du café « La Tourbière ». Nom qui doit avoir un lien direct avec les marais St Boétien tous proches. Nous sommes sur les terres du Prince de Monaco, qui vient parfois dans sa propriété de Marchais.

Dans un mois les coureurs du Tour de France emprunteront ces mêmes routes pour rejoindre Reims.

Après Neufchâtel sur Aisne, la dangereuse RD366 nous fait entrer dans la capitale du Champagne. Le soleil tape très fort, et mes pieds commencent sérieusement à chauffer dans mes nouvelles chaussures. Quelle erreur que de changer de chaussures une semaine avant de partir en diagonale. Je regrette ma bonne vieille paire de chez Décathlon, certes bien usée, mais qui ne m’aurait pas fait souffrir autant que ces nouvelles Shimano.

Reims : km263 deuxième pointage effectué au pied de la cathédrale à 13h00. Notre feuille de route prévoyait d’y être à 12h15. Nous avons ¾ d’heure de retard.

Croque-monsieur salade et Perrier glacé feront l’affaire pour ce repas. Je suis plus à la recherche d’une pharmacie pour soigner mes pieds, qu’enclin à faire du tourisme.

La sortie de Reims sera « cool » grâce au GPS de Daniel. Traverser des grandes agglomérations comme celle-ci à la carte, nécessite une sacrée patience. Les nouvelles technologies permettent désormais un gain de temps et évitent le stress.

La partie la plus difficile de cette étape nous attend : La montagne de Reims.

Dans Craon de Ludes, nous sommes asphyxiés. La chaleur est suffocante et le dénivellé important. Les champs de vignes à perte de vue affichant les noms des grands crus champenois n’attirent même plus notre attention.

L’asphalte est prêt à fondre sous nos pneus, et cette côte qui n’en finit plus.

Nous entrons enfin dans une partie boisée, qui nous cache un peu du soleil.

Les pieds chauffent de plus en plus. La pharmacienne a pris soin d’eux, mais la douleur persiste. Je ne sais pas encore qu’elle m’accompagnera jusque Menton (la douleur, pas la pharmacienne) avec parfois des pics qui m’obligeront à déchausser et à marcher. Ambiance…

Après Louvois, nous descendons sur Jalons. Nous longeons alors la Marne par la D3. Elle nous permet d’éviter Chalons en Champagne par de petites routes sympathiques, nous faisant découvrir Mairy et Songy.

La fatigue et surtout la chaleur nous ralentissent. Nous pensons alors écourter cette étape en cherchant une Hôtel à Vitry le François.

« Maryse » la balise affole le PC 18D. Appel de Christian, qui se demande pourquoi on se trouve dans le centre ville de Vitry alors que notre parcours l’évitait. Après explication il comprend mieux notre position. On se rend alors très vite compte qu’avec cette foutue bestiole sur le dos, on ne peut presque plus faire ce que l’on veut.

Un grand évènement sportif ayant lieu dans cette ville, tous les hébergements ont été réquisitionnés. Plus rien de libre. Nous décidons de nous ravitailler, pendant que Maryline mon épouse recherche un hôtel à Brienne le Château. Par chance, elle trouvera une chambre disponible à l’hôtel des Voyageurs : le bien nommé.

Nous entrons dans Brienne à 22h30 : km378, avec trois heures de retard sur notre feuille de route, mais surtout 22km de moins que prévu, car l’étape devait se terminer à Bar sur Aube. Le réveil sera donc avancé pour tenter de combler le retard.

L’aubergiste, pourtant prévenu tardivement de notre arrivée, a tout de même pris soin de nous préparer deux copieux plateaux repas, sans oublier les bières commandées par Maryline. Nous sommes samedi 05 juin cela fait maintenant plus de 24h00 que nous avons quitté Dunkerque. Le kilométrage prévu n’est pas atteint, mais le moral non plus, malgré l’échauffement des pieds. Après la douche, dodo. Il est 00h15.

Nous ne verrons personne dans cet hôtel. Nous laisserons simplement un mot de remerciement accompagnant notre chèque. Cet hôtel est vraiment recommandable.

Dimanche 06 juin : Brienne le Château – Bourg en Bresse 296km.

3h30 le réveil sonne : debout faut y aller…

La température est douce, le vent nul. On reparle de la journée de la veille avec ses 22km en moins. Tant pis, ce soir nous devons impérativement faire étape à Bourg en Bresse comme prévu. Car les étapes suivantes sont beaucoup plus accidentées, et elles ne nous permettent pas de perdre du temps.

Le pointage prévu à Bar sur Aube se fera encore dans le fournil de la boulangerie. Il est 4h45 et rien n’est encore sorti du four pour nous rassasier. Il nous reste quelques bricoles à grignoter, ça ira quand même. Nous continuons notre chemin.

L’aube coule en fin filet.

Nous passons devant la centrale de Clairvaux et son abbaye.

Après la Ferté sur Aube, nous restons attentifs car, il nous faut prendre prochainement à gauche la petite D145, pour rejoindre Latrecey où nous pensons prendre un café, mais finalement ce petit village est aussi désert que le reste de la Haute-Marne.

Nous jouons à cache-cache avec l’Aube, si fine par endroit que parfois on ne l’aperçoit plus, comme fondue dans le décor.

La route n’en termine plus de monter. Daniel me dit : « on va quand même finir par descendre, et pas toujours monter !!! » Pour cela il faudra attendre Chalancey et emprunter encore quelques montagnes russes.

Arrive Auberive. Enfin un commerce d’ouvert. Nous nous y engouffrons. La petite boutique ressemble à la caverne d’Ali Baba. Il y a de quoi ravitailler tout le canton. Droguerie, épicerie, bar, tabac, presse, dépôt de pain. Quand je vous dis tout, c’est vraiment tout.

La patronne est un peu rude, comme le climat dans cette région l’hiver.

Elle finit quand même par nous servir les cafés tant convoités. Daniel profite de ce temps d’attente pour survoler la presse locale. Et moi pour soigner deviner quoi ???

C’est reparti pour une deuxième séance de montagnes russes jusque Chalancey où nous faisons un arrêt « chope » à la buvette d’une braderie organisée par le comité des anciens au profit des jeunes écoliers du village.

C’est beau l’intergénérationnel !!!

La température augmente autant dans l’air, que dans mes « godasses ».

Nous sommes enfin récompensés de nos efforts, la route descend jusque Selongey, il était temps !

Selongey chef lieu de canton de la Côte d’Or, est mondialement connue pour son usine SEB et ses célèbres autocuiseurs.

Nous attaquons la plaine de Dijon. Cette partie de la Côte d’Or est beaucoup moins accidentée que la Haute-Marne, mais maintenant, c’est le vent qui s’en mêle.

Nous avons encore plus de deux heures de retard, sur l’horaire prévu. A Orville, Aimé GALDIN sariste de Dijon, est venu à notre rencontre en voiture. Il nous a amené de quoi nous restaurer et nous rafraîchir, c’est vraiment sympathique.      

      

Avant de nous quitter, il nous explique qu’il va revenir un peu plus tard nous rejoindre en vélo du côté d’Arc sur Tille pour faire un bout de chemin ensemble.

J’en profite pour lui demander de m’apporter une paire de chaussettes, au cas ou l’échauffement de mes pieds proviendrait de cela. J’aurais vraiment tout essayé.

Son casse-croûte nous a « requinqué » et permis de rattraper du temps sur notre retard : Merci Aimé.

La Tille zigzague près de nous. Elle sera franchie à Lux.

A Arc sur Tille, coup de fil d ’Aimé, qui demande notre position afin de nous rejoindre, il est déjà sur son vélo. Je lui réponds que nous sommes juste devant lui à Remilly sur Tille. La jonction se fera à l’entrée de Cessey sur tille, après une zone de travaux.

Quelques gouttes tombent, l’orage gronde.

Michel JANNIN copain de club d’Aimé est également venu nous accueillir. Quelques kilomètres plus loin, de passage devant chez lui, il nous offre un rapide rafraîchissement. Nous voilà maintenant quatre en direction de Genlis où nous devons pointer. L’orage est de plus en plus violent et la pluie se renforce. Les automobiles nous arrosent copieusement à chaque passage.

En compagnie de Michel JANNIN sous l’orage

Nos deux amis nous quittent à Echigey. Nous revoilà de nouveau à deux sous les éclairs et la foudre qui claque, accompagnée de pluies torrentielles. 5cm d’eau recouvrent la chaussée. C’est presque dangereux de continuer dans de pareilles conditions, mais le chrono continue de tourner. A Aubigny en Plaine, Nous essayons tout de même de nous abriter dans un garage dont les propriétaires ont laissé les portes ouvertes.

Mais le niveau d’eau à l’intérieur de ce garage étant plus important que sur la route, nous décidons de continuer : à la grâce de Dieu.

Nos sacoches s’alourdissent avec le poids de l’eau. Nos appareils photos, resteront au sec jusque la fin de l’étape.

Seurre, Mervans et son clocher tors flammé datant de la Renaissance, Louhans et ses célèbres arcades, sont traversées sous des pluies diluviennes.

Là au moins, la température baisse dans mes « pompes ».

Plus un poil de sec !!!

De Cormoz à Marboz la pluie diminue, elle continuera tout de même de nous tomber sur le râble jusque Bourg en Bresse.

Par ce temps-là, aucun poulet bressan n’oserait mettre le bec dehors.

Il est 21h30 lorsque nous arrivons à Bourg en Bresse. 307km on été parcourus.                                

Un peu de recherche pour trouver l’hôtel « Le Revermont », dans lequel nous entrons à 21h45.

Grâce à Aimé, nous avons récupéré une heure de notre retard. Et sans l’orage, nous serions arrivés à 20h30 comme prévu.

Nous dégoulinons de tous bords, l’hôtelier nous avait prévenu que le dimanche soir il ne préparait pas de repas. Il nous signale qu’à cette heure-ci dans Bourg en Bresse, plus aucun établissement ne sera ouvert.

Nous voilà donc maintenant le bec dans l’eau, sans volaille à nous mettre sous la dent.

Finalement, voyant notre état et après lui avoir offert un de ses apéritifs préférés, il nous propose une excellente soupe maison, accompagnée d’omelettes et de frites, nous auront même droit au fromage, mais nous refuserons le dessert.

Nous montons dans nos chambres avec le plateau petit-déjeuner préparé avec soin.

Bonne adresse, et surtout un excellent accueil.

Après avoir fait l’inventaire de ce qui nous reste de sec dans nos sacoches et tenter de sécher nos chaussures, il est 23h30 : l’heure de se coucher.

 

Lundi 07 juin : Bourg en Bresse – Laragne Montéglin 269km

L’heure du réveil n’a pas changé : 3h30. Il pleut légèrement jusque la sortie de la ville.

L’étape d’aujourd’hui est plus accidentée que les précédentes avec deux cols au menu.

Jusque Pont d’Ain, la route est plate et rectiligne. Ambérieu en Bugey est évitée par le sud-ouest avant de virer de bord pour emprunter la D19.

Saint Sorlin en Bugey village des roses, est tapissée de rosiers qui grimpent aux murs des maisons anciennes et garnissent les parterres. Avec la petite pluie de la nuit, l’odeur des roses embaume fortement l’atmosphère.

Le Rhône, fleuve de 812km qui prend sa source en Suisse, à 2 300 m d’altitude, au glacier de la Furka, sur les pentes du Saint-Gothard est proche de nous.

Il permet de donner de l’activité le long de son cours. Nous apercevons tantôt une cimenterie, tantôt une centrale nucléaire.

Il fait beau. Aujourd’hui ça va encore chauffer : Aïe Aïe   Aïe.

Au port de Groslée, nous nous arrêtons dans un bar pmu, prendre le café matinal. Le patron n’a pas l’air tout à fait bien réveillé. Une confiserie accompagnera notre petit noir.

Nous observons la montagne de St Benoit avant d’arriver à St Génix sur Guiers. Nous quittons l’Ain pour entrer en Savoie. Une terrasse ensoleillée nous tend les bras.

Deux sandwiches saucisson sec avec cornichons et grande bouteille de Vichy St Yorre nous conviennent parfaitement.

Cette cité du gâteau, située à la limite des départements de l’Ain, de la Savoie et de l’Isère s’apprête à fêter le 150éme anniversaire de son rattachement de la Savoie à la France.   

Au sortir de la ville, la route serpente jusque Le Pont de Beauvoisin : commune de Savoie ou d’Isère ???.

Deux villes se nomment (Le) Pont-de-Beauvoisin de part et d’autre de l’ancienne frontière entre le Duché de Savoie et de France                                

Nous roulons désormais sur la N6 en direction Des Echelles : ça va grimper…

Effectivement après St Béron, la pente est douce et longue…

Cette route est fermée l’après-midi en raison du passage des coureurs du Dauphiné libéré, dont le terme de l’étape est Miribel. St Laurent du Pont nous rappelle de biens mauvais souvenirs. Le 1er novembre 1970, 57 personnes périrent brûlées dans l’incendie d’une discothèque, qui mit en émoi la France entière.

Un monument érigé en mémoire des victimes atteste de la jeunesse de celles-ci. Nous prenons le temps de nous arrêter rendre hommage à tous ces jeunes trop tôt disparus.

Bientôt, nous allons entrer dans le vif du sujet. Après St Joseph de Rivière, nous contemplons le massif de la Chartreuse.

La route s’élève jusqu’au sommet du col de la Placette 588m.

La descente vers Voreppe (185m) est rapide. La suite du parcours jusque Sassenage nous oblige à rester vigilant car la circulation sur cette N75 est chargée.

Notre feuille de route nous rappelle que nous devons pointer notre carnet dans cette ville. Il est 14h00 et nous avons encore deux heures de retard sur le programme.

Enfin, la brasserie du Château nous permet « d’enfiler » un gratin de pâtes accompagné d’un steack haché. Deux bières rafraîchiront les bonhommes.

Durant le repas, le GPS de Daniel a dû prendre un coup de chaud sur la tête, car à l’entrée de Grenoble au lieu de prendre le cours Jaurès et la direction de Pont de Claix, il nous fait tourner à droite « rue des Paumés » vers Seyssinet. De petites routes étroites et pentues se dressent devant nous. C’est l’enfer, nous continuons dans ce dédale de routes qui nous emmènent ensuite vers Seyssins, toujours par des pentes très raides.

Enfin nous arrivons à Claix et reprenons la N75 prévue vers Vif. En attendant pour arriver au même endroit que par la route toute plate, il nous a fallu faire le critérium des grimpeurs.

Le soleil tape très fort. Pour ma part, je ne trouve pas le rythme pour monter la côte qui nous emmène à Monestier de Clermont. Les pieds brûlent, je laisse filer Daniel. Un petit torrent me permettra de rafraîchir pieds et tête. Daniel arrivé depuis un moment à Monestier de Clermont s’impatiente. J’arriverai près de 30mn plus tard, éprouvé.

C’est maintenant la montée vers le col de la Croix Haute. Joël LAMBERT m’a prévenu qu’il ne faut pas s’énerver dans ce genre de col, car il est assez pénible à grimper. Il avait raison, ce sera sûrement la partie la plus dure de cette diagonale. 33km pour atteindre le sommet (1179m).

Après le col du Fau 898m, une succession de descentes et de montées nous font tournicoter pour enfin toucher le panneau signalant le sommet.

Ouf…il est 21h00, la nuit tombe.

Il nous reste 57km pour arriver à Laragne Montéglin terme de l’étape.

On dégringole très vite vers St Julien de Beauchêne. Ensuite la pente est plus douce jusque Aspres sur Buech. La vallée du Buech est très belle, mais cette fois-ci nous ne verrons rien car il fait nuit noire. En 2007, lors de Brest-Menton avec Joël LAMBERT nous l’avions empruntée de jour. Daniel la connaît également pour être venu randonner à pied avec Mimi son épouse.

A Aspremont, nous décidons de nous arrêter manger dans un snack-bar encore ouvert.

Quelques clients nous regardent avec ébahissement. Des chauffeurs routiers présents restent incrédules en voyant nos plaques de cadre et n’arrivent pas à croire que nous sommes partis de Dunkerque il y a seulement 72 heures.

L’arrêt sera bref, pour accéder au plus vite à l’Hôtel CHRISMA.

Il est 00h00, lorsque nous rangeons nos vélos dans le hall de l’hôtel.

Mardi 08 juin : Laragne-Montéglin – Menton 236km.

Compte tenu de la distance restant à parcourir, nous pouvions partir un peu plus tard que d’habitude, notre délai se terminant le mercredi 09 juin à 02h00. Mais la fin de cette étape entre Nice et Menton est compliquée (circulation et dénivelée) et la nuit tombe vite.

L’heure du réveil restera donc inchangée : 3h30.

Nos corps sont fatigués, ils dorment encore. Il nous faudra atteindre Sisteron 17km plus loin, et une légère brise pour nous réveiller. La Durance est très calme.

Le jour se lève, on sait que ce sera le dernier à passer sur le vélo avant d’atteindre le but.

Après Château-Arnoux nous observons le lac de l’Escale, nous sommes sur la route Napoléon.

Pour éviter Digne, il suffit de virer à droite à Mallemoisson et prendre direction Le Chaffaut. A la sortie du village, Gérard GENRE membre du club cyclotouriste Dignois nous attend. L’homme est brave, il pointe les passages des diagonalistes en partance ou à destination de Menton. Il reçoit leur feuille de route des délégués fédéraux et surveille alors leur passage pour les saluer.

Avec ça, il a du boulot tout l’été.

Gérard GENRE, sympathique cyclo Dignois

Après avoir partagé le café, nous le quittons, en lui précisant que le lendemain matin il allait voir passer le premier chien diagonaliste de l’histoire, nommée ZARA qui accompagne Jean-Louis VERSCHEURE et Eric DESMETTE son maître. Tous deux engagés également dans le 18D « remontent » vers Brest.

Arrive la Clue de Chabrières

La route se transforme en défilé à travers la roche. Arrêt photo OBLIGATOIRE pour immortaliser ce superbe décor.

Le vent de face gêne de plus en plus notre progression. La route descend et il nous faut pédaler, parfois même en danseuse. « ZEPH » nous ennuiera jusque Nice.

Le temps est magnifique, la chaleur est déjà présente. A Barrême : arrêt « ptit’déj », je reconnais la boulangère vue en 2007 et native de Bruay la Buissière (62). Une rapide conversation s’installe.

Avant Moriez, des travaux de réfection de voierie, nous obligent à la prudence. Après Moriez, c’est l’ascension du Col des Robines (988m). Ce col est assez facile à escalader, c’est l’échauffement pour le suivant : le col de Toutes Aures.

La descente des Robines, nous fait entrer dans St André les Alpes, située au cœur des gorges et lacs du Verdon.

Après une succession de tunnels nous passons St Julien du Verdon. A Vergons nous attaquons le col de Toutes Aures sous la chaleur.

Au sommet, une longue descente nous permet de nous refaire une santé.

Annot 12h25 : pointage des carnets de route et BPF. Comme en 2007, le café du Commerce situé sur la place nous accueille. Quelques sandwiches et bières sont pris sur la terrasse à l’ombre des platanes. C’est jour de marché : la place est animée.

La descente continue : Entrevaux et sa citadelle de Vauban, Puget-Théniers ville médiévale située sur le cours du Var, enfin Le Pont de la Mescla avant de plonger vers Nice par les longs tunnels.

Entrevaux

La Promenade des Anglais est longée en touriste. Tout est bleu : le ciel et la mer.

Quelques familles s’amusent sur la plage de galets.

Nous restons vigilants sur cette piste cyclable où se croisent, rollers, skates board et autres engins à roulettes. De plus, des passages protégés accordent la priorité aux piétons.

Le port de Nice est atteint, Daniel poste la carte d’arrivée. De grands et superbes yachts attirent notre attention. On n’est pas prêt d’en voir d’aussi gros au Grand Large à Péronne (B).

La moyenne corniche nous attend. Pour la trouver, il faut se hisser sur les hauteurs de Nice. Quelques toboggans nous surprennent, mais les vues sont belles sur Villefranche sur Mer, Monaco et Roquebrune.

Nous entrons dans Menton.

Il y a du monde sur le site du CC Orchies pour suivre l’arrivée prochaine de « Maryse » la balise qui donne nos dernières positions.

Il est 20h40 : nous nous félicitons mutuellement avant d’entrer dans le commissariat de police tant attendu.

Les policiers de service sont aussi sympas que ceux de Dunkerque. Ils ont un mot gentil à notre égard. Les formalités d’arrivée sont accomplies.

Nous pouvons désormais « trinquer » à notre victoire, et nous rendre à l’hôtel Richelieu.

Le repas du soir est pris dans une pizzeria toute proche.

Nous allons ensuite nous allonger un peu, car à 01h00 nous avons rendez-vous avec Jean-Louis, Eric et Zara qui partent vers Brest. Bon courage à eux!

Avant de quitter Menton par le train, un petit déjeuner est pris aux couleurs du 18D.

Conclusion : Une fois de plus, l’équipage a fonctionné en parfaite osmose.

Comme l’année dernière, les nuits ont été trop courtes et les journées souvent trop longues. La météo a été variable : grand soleil et forte chaleur, mais aussi orages violents en Bourgogne.

Beau périple, belle performance : Que du bonheur en fait.

Grand merci à Aimé et Michel pour leur sympathique accueil.

Nous remercions également toutes les personnes qui au cours de cette diagonale nous ont apporté leur soutien et leurs encouragements.

Sans oublier nos épouses Maryline et Mimi qui nous permettent tout au long de l’année de préparer ces belles diagonales de France.

Compte-rendu réalisé par Gilles, avec la bénédiction de Daniel.      

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